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Maladie de Parkinson : l’anxiété et la dépression doivent être recherchées et traitées

Le Professeur Degos est neurologue, chef de service spécialisé dans les mouvements anormaux à l’hôpital Avicenne à Bobigny, une structure de l’AP-HP, il s’intéresse en particulier à la maladie de Parkinson. On sait qu’il y a de nombreux symptômes dans la maladie de Parkinson et, parmi ceux-ci, le syndrome anxio-dépressif est un trouble fréquent. Nous vous proposons de comprendre pourquoi et l’intérêt de le traiter.

 

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Retranscription de l’interview du Pr Degos du 28 août 2024

Anxiété et dépression sont-elles fréquentes dans la maladie de Parkinson ?

Oui, l’anxiété et la dépression sont très fréquentes dans la maladie de Parkinson. En effet, la dépression survient chez 35 à 40 % des patients et l’anxiété chez 25 à 30 % des patients et cela peut même affecter jusqu’à 70 % des patients à un stade avancé de la maladie. Ce sont donc des troubles fréquents et qui, de plus, peuvent apparaître à n’importe quel moment de la maladie, voire la précéder.

Y-a-t'il un lien entre anxiété, dépression et maladie de Parkinson ?

Oui, il y a des liens entre anxiété, dépression et maladie de Parkinson.

L’anxiété et la dépression peuvent être réactionnelles à l’annonce de la maladie. Comme pour toute maladie chacun peut avoir un ressenti, être impacté par l’annonce du diagnostic et par le retentissement que peut avoir ce diagnostic.

Mais il existe aussi un terrain anxio-dépressif, qui est « intrinsèque » à la maladie. En effet, comme on le sait, dans la maladie de Parkinson les symptômes sont liés à une dégénérescence du système dopaminergique, ce qui va donner les symptômes parkinsoniens. Mais on sait également qu’il y a d’autres systèmes qui sont altérés dans la maladie de Parkinson, et notamment le système sérotoninergique, et c’est la dégénérescence de ce système sérotoninergique qui va entraîner le syndrome anxio-dépressif.

Pourquoi est-il important de dépister l’anxiété et la dépression dans la maladie de Parkinson ?

Il est important de détecter l’anxiété et la dépression dans la maladie de Parkinson, car il faut savoir que ce sont des troubles « non moteurs » de la maladie. Il y a en effet de nombreux troubles non moteurs dans la maladie de Parkinson, tels que les troubles du sommeil, les troubles digestifs, etc. Et parmi ces troubles, les troubles anxio-dépressifs sont, comme on l’a vu, parmi les plus fréquents.

Ces troubles peuvent avoir un impact très important chez les patients, non seulement par le fait que ce sont des troubles de l’humeur, les patients vont donc être tristes, ne vont pas être bien au quotidien sur le plan du moral. Mais on sait également que ce trouble anxio-dépressif a un impact sur les symptômes parkinsoniens, puisqu’il va avoir tendance à les aggraver, à les accentuer. On voit donc la nécessité de prendre en charge ces troubles de l’humeur, qui ont de plus un impact très important sur la qualité de vie des patients.

Quels sont les signes qui doivent alerter ?

Les signes qui doivent alerter les patients ou leur entourage, ce sont les signes classiques de dépression, c’est-à-dire notamment :

  • une baisse de l’humeur, une humeur triste,
  • une perte d’entrain, un patient qui va avoir moins d’intérêt pour certaines activités qu’il pratiquait,
  • un patient qui va avoir tendance à rester plus longtemps au lit (tout en étant éveillé), ce qu’on appelle la « clinophilie »,
  • et il peut y avoir des patients qui vont maigrir. L’amaigrissement est donc quelque chose qu’il faut surveiller.

Il faut donc alerter le médecin traitant et/ou le neurologue lorsque de tels symptômes surviennent, pour essayer de déceler un éventuel terrain anxio-dépressif.

Quels sont les traitements possibles ?

Il existe plusieurs traitements possibles des troubles anxiodépressifs.

Il y a tout d’abord les traitements pharmacologiques, qui vont agir comme on l’a vu précédemment sur le système sérotoninergique, il s’agit en général de ce qu’on appelle des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine, qui vont permettre aux patients d’être mieux sur le plan dépressif.

Il y a également des traitements non pharmacologiques, avec notamment, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC), qui est particulièrement efficace dans la dépression et l’anxiété. Le principe étant de lutter contre les pensées négatives du patient qui vont avoir une influence péjorative sur son comportement et ses émotions. On demande donc au patient de penser à des choses positives lorsqu’il est dans des situations difficiles et potentiellement sujet à cette anxiété, cette dépression.

Ensuite, il existe également d’autres thérapies, telles que la stimulation magnétique transcrânienne qui est surtout utilisée en psychiatrie, ou la luminothérapie.

Il a aussi une autre thérapie qui est tout à fait intéressante car chez les patients atteints de maladie de Parkinson il y a un ralentissement, une diminution de l’activité activité physique, et c’est justement de les inciter à faire de l’activité physique. En effet, l’activité physique est bénéfique non seulement sur le plan moteur, mais également sur le plan du moral, puisque ça permet au patient de penser à autre chose, et en quelque sorte d’échapper à cet état anxio-dépressif.

En pratique, que doit-on faire en cas d'anxiété ou de dépression ?

L’anxiété et la dépression, on l’a vu, sont des troubles très fréquents dans la maladie de Parkinson, qui ont un impact bien entendu sur le plan du moral, mais qui peuvent aussi avoir un impact sur l’état moteur des patients, et il est donc important d’en faire le diagnostic.

Il faut en parler à son médecin traitant et/ou au neurologue, qui vont pouvoir prendre en charge ces troubles sur le plan thérapeutique, ce qui va améliorer à la fois les troubles de l’humeur et potentiellement aussi améliorer l’état des patients puisqu’il y a une corrélation entre la dépression et la progression de la maladie, l’état moteur des patients.

 

Référence (Fréquence des troubles associés dans la MP en France) :

Mariani LL, Doulazmi M, Chaigneau V, et al. Descriptive analysis of the French NS-Park registry: Towards a nation-wide Parkinson's disease cohort? Parkinsonism Relat Disord. 2019 Jul;64:226-234. doi: 10.1016/j.parkreldis.2019.04.012. Epub 2019 Apr 25. PMID: 31047798.

Les propos tenus sont sous la responsabilité de leur auteur.

BD déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt en lien avec le texte publié.

 

 

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