Le Docteur Dodet-Seners, neurologue et spécialiste du sommeil dans la maladie de Parkinson dans le groupe hospitalier de la Pitié Salpétrière à Paris, décrit les différents troubles du sommeil que les patients peuvent rencontrer au cours de leur maladie ainsi que leurs causes et leurs conséquences. Le Dr Dodet incite les patients à ne pas minimiser leurs troubles et à en parler à leur neurologue. Des solutions peuvent être trouvées pour améliorer leur qualité de vie.
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Retranscription de l’interview du Dr Dodet du 11 juin 2024
Les troubles du sommeil dans la maladie de Parkinson sont fréquents et présents dès le début de la maladie. Environ 80 % des patients vont s’en plaindre au cours de leur maladie.
Ces troubles sont principalement représentés par l’insomnie, un problème en général de maintien de sommeil, mais également par de la somnolence, c’est-à-dire le fait d’avoir envie de s’endormir au cours de la journée dans des situations inadaptées, et enfin, par le trouble du comportement en sommeil paradoxal, qui est le fait de vivre ses rêves au cours du sommeil, ou de s’agiter pendant le sommeil.
Les troubles du sommeil dans la maladie de Parkinson impactent grandement la qualité de vie des patients, c’est le cas notamment de l’insomnie, qui peut provoquer de la fatigue, majorer les troubles de concentration dans la journée et aussi aggraver les symptômes moteurs.
La somnolence est aussi gênante, puisqu’on peut avoir un risque accru d’accident de voiture.
C’est donc important d’en parler pour que ces troubles puissent être pris en charge.
Les causes de ces troubles sont multiples, notamment pour l’insomnie. Les troubles du sommeil sont liés à la fois à la maladie en elle-même avec des dépôts d’alpha-synucléine1 qu’on retrouve au niveau des circuits de régulation du sommeil, mais ils peuvent également être en lien avec : les problèmes d’anxiété ou de dépression qui sont fréquents dans la maladie ; des problèmes moteurs2 notamment d’akinésie (lenteur dans l'exécution et la coordination des mouvements) ou des douleurs liées aux phases « OFF3 » qu’on peut retrouver la nuit ; et également aux traitements, qui peuvent parfois entraîner des réveils au cours de la nuit.
En ce qui concerne la somnolence, c’est principalement une conséquence de certains traitements, qui doivent parfois être modifiés ou diminués.
Enfin, concernant le trouble du comportement en sommeil paradoxal, on note une lésion qui se trouve dans le tronc cérébral et qui va entraîner le fait de « vivre » ses rêves qui émergent au cours du sommeil, et donc provoquer une agitation, généralement perçue par le conjoint.
Il est important de discuter de ses troubles du sommeil avec son neurologue traitant, car il existe une prise en charge pour pouvoir les améliorer, et donc améliorer la qualité de vie.
Par ailleurs, quand ces troubles sont vraiment très complexes, il est parfois intéressant et important d’être adressé à un centre de référence du sommeil, pour pouvoir être vu par un spécialiste du sommeil qui les prendra en charge.
Il est possible de mettre en place des règles de bon sommeil à la maison, notamment dans le cadre de l’insomnie, ce sont des règles de bon sens :
Les soucis sont également une cause de mauvais sommeil, donc pouvoir les prendre en charge afin de diminuer l’anxiété est très bénéfique pour la qualité du sommeil.
Un conseil important que j’aurais à donner aux patients, c’est de discuter de leurs problèmes de sommeil avec leur médecin neurologue, car j’ai pu constater que parfois - même avec des symptômes invalidants – les patients avaient tendance à minimiser leurs troubles. Or, une bonne prise en charge des troubles du sommeil apporte réellement une meilleure qualité de vie, voire diminue les symptômes pendant la journée, et donc c’est très important de les prendre en considération.
1. Protéine qui est abondante dans le cerveau humain. Elle forme des dépôts d’agrégats que l'on retrouve dans certaines pathologies telles que la maladie de Parkinson.
2. Symptômes moteurs de la maladie de Parkinson : symptômes qui concernent le mouvement, tels que : ralentissement des gestes, tremblement au repos, mouvements involontaires, rigidité…
3. La phase OFF correspond à la période où les symptômes de la maladie de Parkinson réapparaissent après la phase ON, car la lévodopa n'agit plus.
Les propos tenus sont sous la responsabilité de leur auteur.
PD déclare ne pas avoir de conflit d’intérêt en lien avec le texte publié.
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